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orthologo
22 janvier 2017

Orthophonistes hospitaliers (salaire)

Article publié cette semaine dans HOSPIMEDIA, site d'informations pour la santé mais accessible par abonnement donc malheureusement limité. Diffusé avec l'autorisation de l'auteur.

367 médecins alertent Marisol Touraine sur l'état de déliquescence de l'orthophonie à l'hôpital


Publié le 18/01/17 - 12h25 - HOSPIMEDIA

Au sein de la fonction publique hospitalière, la situation des orthophonistes est toujours aussi préoccupante. Dans un dialogue de sourds avec le ministère, ils ne cessent depuis de longs mois de réclamer une pleine reconnaissance salariale de leur bac +5 : 62 PU-PH et 305 autres médecins viennent de leur apporter ouvertement leur soutien.

 

Dans un manifeste adressé début janvier à la ministre des Affaires sociales et de la Santé (à télécharger), quelque 500 professionnels de santé dont 305 médecins de toutes spécialités et 62 professeurs des universités-praticiens hospitaliers (PU-PH) font pression sur Marisol Touraine pour qu'elle daigne enfin appuyer les recommandations des orthophonistes hospitaliers. Et ceci alors que les discussions salariales avec la DGOS sont dans l'impasse depuis de longs mois (Orthologo : essentiellement bloqué par un syndicat non représentatif mais ayant infiltré les OS représentatives, cf. les articles précédents et le fait que la réforme des études n'aient pas permis de créer une spécialisation qui aurait permis de créer un nouveau corps de professionnels) déploraient à nouveau de concert le 5 janvier l'intersyndicale* des orthophonistes et masseurs-kinésithérapeutes hospitaliers dans un communiqué. Selon ses membres, les nouvelles grilles salariales proposées pour cette filière de rééducation "ne permettront en aucun cas de résoudre les problèmes d'attractivité". Et de pointer à nouveau : des salaires proches du salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic) malgré un cursus à bac +5 (depuis la rentrée 2013-2014 pour les orthophonistes, celle à venir 2017-2018 pour les masseurs-kinésithérapeutes) ; une véritable "épidémie" d'hospitaliers ; des difficultés à assumer toutes les missions de soin ; et l'"incapacité à encadrer et former les futurs professionnels dans de bonnes conditions". "Dans les conditions de rémunération actuelles, les orthophonistes ne peuvent plus travailler à l'hôpital, abondent les signataires du manifeste (lire notre article) (Orthologo : article de quelqu'un qui représente les libéraux et n'a aucune légitimité pour les exercices libéraux et salariés). Les chefs de services hospitaliers ne parviennent plus à recruter. Les postes disparaissent." (Orthologo "Ceci n'est pas nouveau, en 2006, quand j'ai quitté mon poste précédent devant l'impossibilité de recruter, le poste a été transformé en poste de psychologue clinicien". Il faut dire que la FNO dont le discours était et est très présent dans la plupart des écoles n'a jamais eu un discours valorisant l'exercice hospitalier et salarié, il nous était clairement déconseillé d'aller exercer à l'hôpital. Rappel à l'hôpital ce ne sont pas les médecins qui recrutent les paramédicaux mais les Directions des Soins.)

 

Un travail pluridisciplinaire "appauvri"

Dans leur cri d'alerte à la ministre, doublée d'une tribune (Attention le lien sur Hospimedia était celui de la CGT, voici le lien du Monde ICI) dans Le Monde ayant pour titre Quand l'orthophonie quitte l'hôpital, ils listent cinq conséquences extrêmement néfastes pour la qualité des soins. C'est d'une part un travail pluridisciplinaire qui ressort "appauvri" par l'absence de diagnostic et de rééducation orthophoniques dans de nombreuses équipes hospitalières. Et de recenser les centres de référence des troubles du langage et des apprentissages, les centres ressources autisme, les centres médico-psychologiques, les unités neurovasculaires, les centres mémoire de ressources et de recherche, les centres d'action médico-sociale précoce, etc. D'autre part, "la cohérence et la continuité du projet thérapeutique des patients sont mises en péril par la rupture du réseau ville-hôpital, alors même que les cabinets libéraux sont déjà asphyxiés par des listes d'attente surchargées". Or, rappellent dans un troisième temps les signataires, "certains patients présentant une pathologie lourde ont besoin d'une prise en charge spécifique et/ou pluridisciplinaire qui ne peut plus être assurée par les orthophonistes hospitaliers". Quatrième élément d'inquiétude : le fait que les étudiants en orthophonie ne parviennent plus à trouver des terrains de stage dans les domaines d'expertise présents à l'hôpital. Enfin, le turn-over des orthophonistes devient "incessant", ce qui "ne leur permet ni d'acquérir ni de transmettre l'expertise clinique nécessaire à l'exercice de leur fonction auprès des patients".

 

Une fin de non-recevoir aux orthophonistes du Centre-Val de Loire (Ceci est porté par la CGT)

Ce 18 janvier dans un communiqué, les étudiants et orthophonistes de la région Centre-Val de Loire indiquent n'avoir reçu aucune réponse de la part de Marisol Touraine à leur demande de rendez-vous sollicitée sept jours plus tôt. Ce sont ces mêmes professionnels qui sont à l'initiative du manifeste et de la tribune précités, au retentissement désormais national. Et de dénoncer le "mépris" affiché à leur encontre et les "nombreux délits de fuite" constatés lors des déplacements publics en région pour une ministre, rappellent-ils en guise d'avertissement, pourtant en Centre-Val de Loire dans son fief électoral.

Thomas Quéguiner

Ecrire à l'auteur

* Ufmict-CGT, FO santé sociaux, Sud santé sociaux, Unsa santé sociaux, CFE-CGC santé social, CFDT santé sociaux, CFTC santé sociaux, Fédération nationale des orthophonistes (FNO), syndicat des kinésithérapeutes Alize, Fédération des orthophonistes de France (Fof), Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR), Union nationale des syndicats de masseurs-kinésithérapeutes libéraux (UNSMKL), Union nationale des masseurs-kinésithérapeutes aveugles et malvoyants (Unakam), Union nationale pour le développement de la recherche et de l'évaluation en orthophonie (Unadreo), Collège français d'orthophonie (CFO), Collège national de la kinésithérapie salariée (CNKS), Fédération nationale des étudiants en orthophonie (Fneo) et Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (Fnek).

Liens et documents associés

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Vos réactions (3)

 

Bruno SARRODET (Ajout pour savoir d'où parle cette personne, représentant de FNO, syndicat d’orthophonistes libéraux, non représentatif pour les salariés et les hospitaliers)

21/01/2017 - 11h24

Ce manifeste est le résultat du travail continu de l'intersyndicale des orthophonistes, regroupant toutes les organisations représentatives des étudiants, des libéraux, l'écrasante majorité des salariés, et des chercheurs, depuis 2009. 
(C'est la même intersyndicale qui refuse aussi unanimement un Ordre)

Cette intersyndicale a permis la réussite du master pour tous les orthophonistes, seul moyen pour que tous les patients bénéficient de toutes les compétences des orthophonistes dans tous les territoires, qu'ils soient proches ou pas d'un établissement hospitalier.

L'exercice hospitalier et l'exercice libéral sont complémentaires, aucun ne doit remplacer l'autre. L'intersyndicale dénonce le salariat déguisé de libéraux par de nombreux établissements, il faut des orthophonistes salariés, et donc des salaires justes. 
Enfin aujourd'hui la majorité des orthophonistes hospitaliers exercent en "mixte", la porosité entre tous les types d'exercices constitue une force pour l'unité de la profession.

Estelle PRUVOT

20/01/2017 - 00h42

Les propos de JP VIDAL sont la réalité.

L'expertise des orthophonistes hospitaliers n'est pas reconnue et ne l'a pas été par la réforme des études. Il aurait été cohérent de mettre en place une formation en 5 ans avec une année de spécialisation pour ceux qui avaient le désir de travailler au sein d'équipes interdisciplinaires et cela aurait permis la création d'un corps d'orthophonistes praticiens. Ce nouveau corps aurait pu avoir plus aisément une reconnaissance salariale à la hauteur des compétences des orthophonistes hospitaliers. 

Mais les orthophonistes libéraux se sont opposés à cette réelle reconnaissance et maintenant les orthophonistes hospitaliers, les équipes interdisciplinaires et les patients en paient le prix. 

Et l'engraissement des libéraux est une évidence et cela au détriment d'un soin adapté et coordonné au sein d'une équipe pluri et interdisciplinaire.

Jean Pierre VIDAL

19/01/2017 - 11h59

Et à côté de cela, la CNAM décide unilatéralement avec ses CPAM que les hôpitaux sous DAF (psychiatriques essentiellement) devront payer les honoraires des orthophonistes libéraux pour des enfants suivis en CMP, même lorsque les prescriptions d'orthophonie sont faites par des médecins libéraux et bien que les hôpitaux n'ont ni les financements pour cela ni ne disposent d'orthophonistes salariés. Ce type de soins est géré de manière aberrante par notre système de santé, au détriment des prises en charge de patients et avec une grande injustice par le manque de reconnaissance des compétences d'orthophoniste (comme de kiné, d'ailleurs) qui rendent effectivement pour ces professions les carrières hospitalières non attractives, voire, pour les orthophonistes, la profession tout court avec en amont une formation malthusienne. Ces incohérences sont de fait un bon moyen "d'engraisser" les libéraux, comme en témoigne le nombre d'orthophonistes et de kinés qui s'installent en ville et, pour les kinés, qui ne se déplacent même plus aux domiciles des patients.

 

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