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27 juin 2017

Burn out-HAS

RESSOURCES HUMAINES
La HAS émet des recommandations pour permettre un meilleur diagnostic du burn out

Publié le 22/05/17 - 12h39 - HOSPIMEDIA

Dans le cadre de travaux annoncés il y a plusieurs mois, la Haute Autorité de santé vient de publier des recommandations pour permettre aux médecins traitants et aux médecins du travail d'élaborer de meilleurs diagnostics du syndrome d'épuisement professionnel ou burn out et de personnaliser sa prise en charge.

La Haute Autorité de santé (HAS) annonce ce 22 mai la publication de recommandations, notamment sous la forme d'une fiche-mémo pour permettre aux médecins traitants et aux médecins du travail d'élaborer de meilleurs diagnostics du syndrome d'épuisement professionnel ou burn out. L'objectif est "de repérer les symptômes et de dresser le bon diagnostic, afin de proposer une prise en charge personnalisée et d'aider au retour au travail". La HAS met également en ligne un rapport dans ce cadre. Ces travaux font suite à l'annonce en février 2016 de la ministre des Affaires sociales et de la Santé alors en poste, Marisol Touraine, de sa volonté de mettre en place un groupe de travail — médecins, experts, chercheurs — pour définir ce qu'est médicalement le burn out et la manière de le traiter (lire notre article). Le groupe s'est depuis installé au sein de la haute autoritéCette annonce ministérielle faisait écho à un rapport de l'Académie nationale de médecine estimant que le burn out renvoie aujourd'hui à une réalité mal définie et recommandait d'établir des critères cliniques de diagnostic (lire notre article).

Un diagnostic "difficile" à établir

La HAS rappelle ici que le terme "burn out", entré dans le langage courant, est aujourd'hui utilisé pour décrire "toute sorte de stress, de grande lassitude ou de fatigue par rapport à son travail". Il s'agit pourtant d'un "véritable syndrome qui se traduit par un épuisement physique, émotionnel et mental profond, causé par un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes". Il peut avoir des conséquences "importantes sur la santé et la vie sociale des personnes et requiert une prise en charge médicale adaptée", souligne-t-elle. "Pour autant, le diagnostic de ce syndrome — qui n'est pas une maladie en tant que telle — reste difficile à établir ; il peut souvent passer inaperçu, être diagnostiqué à tort ou encore traité de façon inadéquate", poursuit la HAS. Mais l'identification est complexe pour différentes raisons, développe-t-elle : "ses manifestations diffèrent d'un individu à l'autre, s'installent de manière progressive voire insidieuse et sont parfois les mêmes que pour d'autres troubles psychiques ou maladies". Ces principaux symptômes sont aussi bien d'ordre émotionnel (anxiété, tristesse, hypersensibilité, absence d'émotion...), cognitif (troubles de la mémoire, de l'attention, de la concentration...), comportemental ou interpersonnel (isolement social, comportement agressif ou violent, diminution de l'empathie, comportements addictifs...), motivationnel (désengagement, remise en cause professionnelle, dévalorisation...) que physique (troubles du sommeil, troubles musculo-squelettiques, gastro-intestinaux...). "Après avoir identifié ces manifestations et écarté l'hypothèse d'une maladie physique, il faudra juger de leur sévérité et évaluer en priorité le risque suicidaire", est-il souligné.

Pas de recours systématique aux anti-dépresseurs

Les symptômes repérables n'étant pas spécifiques au burn-out, explique la HAS, le médecin traitant et le médecin du travail devront s'intéresser en complément :
  • aux conditions de travail (intensité et organisation du travail, exigences émotionnelles, autonomie et marge de manœuvre, relations dans le travail, conflits de valeurs, insécurité de l'emploi) ;
  • à la personne et à son vécu (antécédents personnels et familiaux — notamment antécédents dépressifs —, événements survenus dans la vie personnelle, soutien de l'entourage, rapport au travail).
"La confrontation de ces différentes analyses permettra d'établir ou non le diagnostic de burn-out", est-il développé. Cela permettra en effet de "le différencier d'autres troubles psychiques (dépression, troubles anxieux, stress post-traumatique) ou d'établir qu'ils coexistent avec lui" et l'aide d'un psychiatre "pourra être sollicitée à cette étape".

Une prise en charge individualisée du burn out

La HAS explique que la prise en charge du burn out doit être "individualisée en fonction des manifestations constatées, aux éventuelles pathologies associées identifiées, à l'historique du patient et de son travail". Elle repose principalement sur :
  • un arrêt de travail, dont la durée est adaptée à l'évolution du trouble et au contexte socio-professionnel ;
  • la combinaison d'interventions psychothérapeutiques ou psycho-corporelles (thérapies cognitivo-comportementales, relaxation, médiation pleine conscience, etc.) ;
  • un "éventuel" traitement médicamenteux, notamment par antidépresseurs, mais "uniquement si le burn-out est associé à des troubles anxieux ou dépressifs" ;
  • l'intervention d'un psychiatre pour les cas complexes ou sévères, pour une réévaluation des traitements médicamenteux ou pour une poursuite d'arrêt maladie.

Enfin, la haute autorité souligne qu'il est nécessaire d'anticiper et de préparer le retour au travail. "L'analyse du poste et des conditions de travail permettra de mettre en place d'éventuelles actions de prévention individuelle et/ou collective", précise-t-elle. Aussi, avant le retour au travail, il est recommandé d'organiser une (ou plusieurs) visite(s) de pré-reprise avec le médecin du travail. Et à l'issue de la visite de pré-reprise, le médecin du travail pourra recommander des aménagements ou adaptations du poste de travail, voire des mesures visant à faciliter le reclassement du salarié ou sa réorientation professionnelle. Enfin, la HAS met l'accent sur le caractère indispensable d'un "suivi régulier impliquant le médecin du travail, le médecin traitant et, le cas échéant, le psychiatre" pour aider au maintien dans l'emploi du patient.
Caroline Cordier

Tous droits réservés 2001/2017 — HOSPIMEDIA

Vos réactions (5)
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Jean-Marie GARCIN24/05/2017 - 08h41

Soyons simples: je croyais qu'en Français, le "burn-out" était l'épuisement (professionnel, par exemple), car il existe bien et c'en est la traduction, jusqu'à preuve contraire.

Jean-François STEUNOU24/05/2017 - 08h30

Bonjour, il est important que l'HAS avance sur ce sujet du repérage de ce syndrome. Il est important que des médecins de ville ou médecins du travail se sentent pleinement "autorisés" à nommer le burn out lorsque des personnes leurs font état de leur difficulté au travail. C'est un pas…et ce serait un réel progrès! 
Mais il est important que l'on reconnaissent désormais qu'il y a un lien entre cet état de souffrance et les situations de travail. Une approche de prévention ne peut se satisfaire in fine d'une prise en charge individualisée, car elle induit, en creux, un repérage individualisé et une causalité individualisée. Le lien entre l'apparition du burn out et les conditions de travail et de qualité de vie au travail est désormais extrêmement repéré par tous les professionnel qui interviennent au sein des entreprises. 
L'enjeu n'est pas la compétence de nos psychiatres, mais la qualité de nos organisations et de nos management au sein des entreprises et institutions. Il serait temps que les réflexions "s'aèrent" un peu et se fondent sur des données empiriques réelles et des études longitudinales suffisantes pour que nos entreprises définissent mieux leurs systèmes de management, de service ou de production. Il est donc important que les réflexions issues du monde médical s'ouvrent à des travaux inter-disciplinaires incluant des sciences humaines (psychosociologie, sociologie, économie…), et que ces travaux se mènent en lien avec le monde de l'entreprise et du travail. Les démarches doivent être axées sur une meilleure compréhension des mécanismes et les facteurs qui favorisent l'apparition du burn out , sur les moyens de le prévenir collectivement à l'échelle de nos sociétés ou de nos organisations et pas simplement sur le fait d'apprendre à le supporter ou d'y faire face individuellement.

Jérôme RODRIGUEZ23/05/2017 - 11h06

Finalement le Burnout c'est entre le médecin du travail et le médecin généraliste et l'accompagnement psychologique voire psychiatrique. 
Pourquoi ne pas enseigner la prévention dans les écoles de Rennes et les Ecoles de cadres et en formation pour le personnel de tout niveau ?. Le plan proposé n'est pas préventif, Je n'ai pas vu de formation coaching, ce n'est que de l'accompagnement du repérage... Mais bon sang ! depuis qu'on en parle mettons la prévention en amont avant de passer à l'étape médecins su travail-médecin généralistes où il est trop tard...

Sandra BRIANTO23/05/2017 - 09h24

Article très intéressant dans le cadre du diagnostic et du traitement du burn-out.

Cependant, un rapport au temps mesuré (cesser de tout considérer comme une urgence, prendre le temps d'écouter...), un peu de bienveillance et d'empathie, l'étude du non-jugement, la possibilité d'espaces de récupération neutres à l'entreprise pourrait contribuer à la PREVENTION de ce syndrome d'une violence rare et aux conséquences collatérales importantes.

Relaxation, méditation -et non pas "médiation"- de pleine conscience (lapsus révélateur de l'auteur ?) seraient encore plus à propos AVANT que le feu ne consume l'être (le burn-out est métaphoriquement traduisible par : « incendie de la personne »), avant que la société toute entière ne soit en burn-out.

Gageons que les pouvoirs publics prendront conscience des possibles conséquences d'une société du travail hyper violente, et cesseront de considérer le bien-être comme une philosophie de bisounours.

Je souhaite une belle vie pleine d'espoir à tous.

Jérôme RODRIGUEZ23/05/2017 - 09h20

Pourquoi vouloir créer à tout prix le terme "Burn out" ? A un moment, un agent, un salarié, a des symptômes qu'il décrit dans un contexte donné (vie privée/vie professionnelle). On fait les choses à l'envers on est en train d'essayer de comprendre ce qu'est un Burn-out (terme qui à priori reste mystérieux et non adéquat) alors que le salarié décrit bien son ressenti, nous avons des Psychiatres compétents pourquoi rallonger le CIM-10 (ou le CIM-11 à venir ?). Comme dans tout contexte dit pathologique, il y a une limite dans la résistance psychique, c'est celle-là qui pose difficulté à jauger. C'est cette échelle qu'il faut tenter de mesurer, ce serait dommage de penser qu'un Burn-out (je n'aime pas ce terme, vous l'aurez compris, non pas qu'il soit anglophone peu m'importe) n'est qu'une affaire d'emploi, il y a aussi la vie privée + la résistance personnelle (certaines situations de travail ne sont pas ressenties de la même manière par chaque personne selon leur éducation, vécu, investissement personnel culturel, notion de la réussite/échec etc...).

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