Tribune libre
Suite au partage d'un sujet (encore passionnant) sur un forum d'orthophonistes... Ce fil parle de titulaire spoliée par sa collaboratrice... Il aurait pu être illustré par un autre sujet tout aussi pathétique... Mais ce qui nous a interpelé c'est encore la manière puérile et n'ayant pas peur des mots « bêbête » dont ce sont encore vautrées les habituées à répondre en soutenant, pleignant la pauvre dame qui venait se plaindre de sa vilaine collaboratrice... Mais très vite le fil laisse apparaître que rien n'est blanc, rien n'est noir dans le monde merveilleux de l'orthophonie.
Un de nos amis, nous a donc partagé ses commentaires sur l'orthoforumiste pathos...
Tribune libre de Brendon
« J'aime plus que tout que l'on me fasse rêver de la sorte.
C'est vraiment l'hôpital qui se fout de la charité.
Je leur souhaite bien du courage à toutes, et ne comprends toujours pas comment une formation UNIVERSITAIRE qu'elle soit reconnue bac+ peu importe peu aboutir à une telle pauvreté de raisonnement.
Peut être faudrait-il penser à un profond remaniement des enseignements, d'une part en les uniformisant à échelle nationale (avant de penser à des équivalences européennes), d'autre part en y instillant un développement de l'esprit critique.
Là je raconte ma vie.
Venant d'un cursus littéraire (souvent qualifié "d'excellence"), bac littéraire allemand anglais latin spécialité mathématiques, puis hypokhâgne lettres et sciences sociales puis faculté de lettres modernes (DEUG), j'ai souvent été atterré en école d'orthophonie (ben oui j'ai choisi un secteur dans lequel il y a de l'embauche, « faut bien manger ma brave dame »):
- d'abord après avoir réalisé un sondage peu après le début de la 1ère année, la direction nous avait demandé d'élaborer un questionnaire afin de mieux connaître la promo. 2/3 provenaient de prépas privées, je ne savais pas que cela existait. Ben oui j'ai eu le concours du 1er coup. Je ne comprends toujours pas. Mais j'ai en revanche saisi que ça coûte très cher (déjà rien que le concours en lui même la vache entre les frais d'inscription et le déplacement dans la ville plus la nuitée si c'est loin et que c'est le matin je ne pouvais pas en passer bcp, moi. Certaines en avaient passé 12 J'ai donc perçu ça comme une manière de trier les gens sur le volet. Une sorte de bras armé de la reproduction sociale en somme.
- ensuite au deuxième sondage en milieu/fin d'année concernant les enseignements, une sorte d'enquête satisfaction à la Auchan. 8/9ème de la promo ne comprenait pas l'intérêt de l'enseignement de la psychologie générale, de la linguistique et de la phonétique, et demandaient leur retrait du programme car cela constituait à leurs yeux une perte de temps sur les enseignements pratiques.
- puis lors de la préparation des premiers partiels, les profs ont tous expliqué à leur tour qu'ils n'attendaient "pas des tartines, ne rédigez pas, faites des tirets". J'ai ingurgité ce savoir. Je l'ai recraché à l'état brut en ajoutant des tirets.J'ai une très bonne mémoire, mais le lendemain c'était déjà flou. Le fait que les enseignants ne demandent aucune réflexion, aucune construction intellectuelle encourage à mon sens le bachotage et n'incite certainement pas à se servir de sa cognition autrement que comme d'un grenier à grain.
Il reste encore beaucoup de tirets.
Pour ne pas faire de tartine, je dirais qu'après avoir mangé plusieurs fois mon chapeau, j'ai fini par me résigner: les étudiantes de ma promo étaient des dindes et encouragées à le rester. La majorité des enseignants, professionnels de santé vacataires à la fac, ne valaient pas mieux car n'avaient aucunement l'intention de voler dans les plumes de ces jolies dindes. Après m'être demandé à qui profite le crime, j'ai eu le bonheur de réaliser que mes collègues d'aujourd'hui sont les dindes d'hier en version aigrie et décrépie.
Youpi.
Brendon